Magic! # 56 (France)
Nov. - Dec., 2001

Idaho
Levitate
(Idaho Music / Pop Lane)

Depuis le départ de John Berry, Jeff Martin est le tenancier de la maison Idaho. En un mot, Martin est Idaho. Soit une poignée de disques de folk atmosphérique, une formation fluctuante au gré des saisons, quelques (trop) rares concerts et des clichés joliment flous, Idaho fait tout pour devenir une légende underground, un groupe culte aux disques difficiles à dénicher, mais vénéré par quelques communautés d’aficionados. Il arrivera à ses fins, certainement, et voilà bien là tout le mal qu’on puisse lui souhaiter. À l’instar de Songs:Ohia, le groupe utilise des guitares à quatre cordes (et non des basses), afin de mieux limiter encore les fréquences d’un spectre sonore déjà fort peu encombré, à la limite du silence. Comme ses comparses de Dakota Suite, Martin et ses musiciens marient tradition folk et musique ambient. Comme Will Oldham, Idaho ne renie pas ses racines. Il les révére outrageusement, anarchiquement parfois. Lorgnant à l’occasion sur les récents enregistrements de Radiohead — notamment pour les parties vocales — les chansons de Levitate ne se soucient guère des conventions et oublient bien vite toute convenance pour plonger dans une ascèse instrumentale apaisante interprétée, le plus souvent, sur un simple piano droit. C’est à peine si l’on entend ces guitares en bois effleurées, ces batteries balayées dans l’ombre d’un studio qu’on imagine clos, retiré du monde et où l’on peut voir voler la poussière dans un mince filet de lumière. Et même s’il n’apporte rien de plus à la discographie imposante de son auteur, ce nouvel Lp mérite néanmoins un détour.

Renaud Paulik

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