Ben Zine (France)
2005

Idaho - The Lone Gunman
Talitres/differ-ant
[4.0]

Duo originaire de Los Angeles, IDAHO démarre à l'orée des années 90 pour devenir, quelques années plus tard, un groupe à part entière. Reposant désormais sur les seules épaules de Jeff Martin, le projet ne serait cependant rien sans la proche collaboration de John. K. Berry.

Ecrit dans la foulée de We Were Young An Needed The Money (compilations regroupant inédits, b-sides et morceaux quasi-introuvables, 2002) entre mai 2003 et juillet 2004, The lone gunman est aussi le dixième album du groupe qui perpétue une ligne directrice immuable, dans un genre musical qui fut un jour nommé slow-core ou sad-core, dont ils semblent parmi les derniers rescapés ; si tant est que l’appartenance à un classement musical soit le cadet de leur souci.

Les compositions se lovent langoureusement, sans approcher une fois seulement de la caricature romantique ou spleenétique. On reconnaît immédiatement la patte Idaho , et les fans apprécieront. Peut-être seront-ils étonnés de voir que la guitare, traditionnelle pierre d’achoppement de la formation, se serre un peu pour faire la place à quelques touches de synthétiseurs ou quelques résonances de piano, chargées de sens et d’émotion. La guitare semble ici comme un grand frère désabusé, philosophe et triste, des cordes frappées pleines de vague à l’âme.

Efficacité du groupe, Idaho a la bonne intelligence de concentrer son propos dramatique en morceaux d’une durée moyenne de deux minutes, là ou certaines formations se seraient laissé aller aux patterns dupliquées façon post rock, et finalement un peu vaines de signification. Une des forces d’Idaho est cette intimité de sentiments forts, cette condensation autour de la portée sémantique des mots et de la substantifique moelle sonore. Idaho réussit 17 fois à toucher son auditeur, là où Mercury Rev peine désormais à toucher l’essence des sens.

La bio chez Talitres dit de l’album que « les 17 titres de ce nouvel album naviguent entre lumière et clair obscur, douceur et déchirure. Une grâce sans pareil ». On sait que souvent les services promo des labels ont tendance à l’exagération. Pas ici. La description est pile à la mesure de l’album. Tout est affaire de grâce, sobre et modeste, dans the lone gunman . Le terme n’est, pour une fois, pas usurpé.

Denis Verloes

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