Liability Webzine (France)
November 1, 2005

Idaho
The Lone Gunman

[Talitres/Sonic Rendez Vous::2005]

Qu’est-ce qui m’a poussé, malgré un scepticisme initial, à écouter The Lone Gunman jusqu’à en tomber sous le charme ? Pourquoi m’être infligé une technique qui relève du matraquage promotionnel visant à faire apprécier de gré ou de force une daube javellisée alors que le disque ne semblait pas a priori émerger de la masse ? Probablement cette émotion et cette atmosphère indescriptibles que dégagent des morceaux qui exigent plus qu’une simple écoute distraite, des titres qui s’érigent en remède contre la fast music à laquelle beaucoup d’entre nous succombent lentement mais sûrement.

Car dense, cet album l’est assurément. Et son unique géniteur, Jeff Martin, semble être un arbre bien seul qui cache une forêt touffue faite d’une multitude d’instruments qui s’entassent et s’entrelacent comme autant de végétaux qui viendraient obscurcir un champ de vision à la base bien dégagé. Mais de mauvaise herbe, il n’en est jamais question sur The Lone Gunman. Seulement voilà, tour à tour atmosphérique et éthéré (allant jusqu’à évoquer Sigur Rós sur « Cactus Man Rides Again » ou « ECHELON »), tout à tour imprégnée de cette déprimante solitude que ne renierait pas Sparklehorse, l’alliage pop/sadcore imaginé par Jeff Martin n’est pas du genre à se laisser dompter en quelques minutes. Il est même du genre à se mériter. Et comble du bonheur, lorsqu'à de rares moments Martin se laisse aller à un peu de simplicité (dévoilant la structure de morceaux à partir de pianos ou de synthétiseurs et non à partir de guitares), c’est pour accoucher d’un titre diablement efficace comme « You Flew ».

Enchaînement réussi de dix-sept courtes saynètes d’une belle uniformité, The Lone Gunman convainc. C'est certain, ces atmosphères à la troublante luminosité se révèleront être un excellent échappatoire en cette sombre et triste fin d’hiver.

par Jeff

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